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- Maître Nobuo, pour ce qui est des comptes il faut vous adresser à Yumi-chan, elle saura vous renseigner, moi je ne m’occupe que de la réception des clients.
- Ah, je vois. Bah je lui en parlerais alors.

Il était plus jeune que moi et en savait plus sur le ryokan alors que j’y avais passé la majeure partie de ma vie. La gestion d’une auberge c’était vraiment pas mon truc, mais depuis la dissolution de Blast je n’avais pas eu le choix. J’avais bien essayé de retravailler dans une petite boutique de musique mais pour le peu qu’une fan me reconnaisse, on se retrouvait avec un amas de fille demandant des autographes et posant mille et une question sur le groupe sans rien acheter. Résultat, le patron s’énervait et me foutait à la porte.
Point positif, le ryokan permettait de couvrir largement mes besoins et ceux d’Asami, c’était déjà ça.

- Si vous me permettez maître Nobuo, je vais accueillir notre nouvelle cliente…

Nouvelle cliente ? Je n’avais même pas remarqué la jeune femme aux lèvres rouges écarlates qui se tenait à quelques pas de nous. Plutôt jolie, un look assez punk, un air un peu rebelle et une cigarette en bouche pour ajouter une touche « No Futur ». Elle ne semblait pas loquace {smile},elle avait un petit air de Nana à l’époque du lycée, quand elle faisait flipper tout le monde et ne parlait jamais.

Takahiro se présenta et prit son sac afin de la mener à sa chambre tandis que la jeune femme restait bouche ouverte à me fixer, sa cigarette se consumant entre ses longs doigts. Aïe, grillé ? Une fille avec un look pareil, ça n’aurait pas été étonnant. En même temps, question look j’avais pas fait dans le discret. La veste et le pantalon de costume, bon, la chemise blanche et la cravate, bon, les épingles à nourrices, la chemise hors du pantalon, la cravate desserrée, les converses déchirées, FAUX.
Elle continua à me fixer et je détournais automatiquement le regard.

- Ça craint, marmonnais-je pour moi-même.

La jeune fille s’avança finalement pour s’incliner devant nous comme la tradition le voulait. Elle finit par suivre Takahiro sans dire mot et je ne la revis pas de la soirée.

Pause clope obligatoire. Sortant le paquet de ma poche, j’aspirais longuement la fumée. Ok, bon déjà c’était pas une hystérique, si je restais discret il n’y aurait pas de débordement. Mon ex-popularité, que je ne pensais pas si grande (c’est vrai, ceux qu’on trouvait classe habituellement c’était Nana et Shin, même Yasu avait son fan club, moi j’étais le blondinet ou juste le guitariste), me desservait rattrapait à nouveau. Je ne m’y ferais jamais, quand on avait commencé Blast ce que je voulais ce n’était pas la gloire mais plutôt être reconnu pour mes talents de guitariste et de compositeur, toute cette attention, c’était même carrément gênant.

L’après-midi passa comme d’habitude, toujours aussi longue et ennuyante. Impossible de mettre la main sur Yumi pour qu’elle m’explique ce qu’il y à savoir sur les comptes de l’auberge.

*Vivement qu’on rejoue, ça me va vraiment pas ce rôle. Pour être heureux il me faut une gratte et une scène, pas un costume…*

- Maître Nobu, on m’a dit que vous me cherchiez ?

La douce voix de Yumi, me fit sortir de mon mélodrame intérieur. Finalement je l’avais trouvé, enfin elle m’avait trouvé.

- Ah oui, je ne m’y connais pas trop en gestion avec les comptes etc, je suis un peu perdu j’avoue.
- Je vous ferais une note avec tout ce que vous avez à savoir.
- Cool. Merci, c’est sympa.

Alors qu’on avançait dans le long couloir du rez-de-chaussée, je fus surpris par le spectacle d’une jeune femme, apparemment celle de tout à l’heure, regardant à l’intérieur d’une de nos nombreuses salles. Elle changeait de nos clients habituels, facile de la repérer et pour une fois je n’étais pas le seul à me balader avec un look différent. Si ça se trouve elle était sympa, ça pourrait peut-être mettre un peu d’ambiance, c’était beaucoup trop … sérieux (adulte ?) ici. Un petit vent rock c’était pas désagréable.

- Je peux vous aider mademoiselle ? Nobuo Terashima, je suis le co-gérant de l’auberge.

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La jeune femme sembla étonnée de ne pas trouver la pièce vide, et après un moment, s’excusa auprès du couple qui dîner paisiblement avant son irruption. Elle avait une voix plutôt froide, pourtant elle semblait sympa. Elle referma le shoji et se retourna pour m’étudier des pieds à la tête. Dès qu’elle eût fini son examen elle s’adressa à moi avec un léger sourire.

- Pas besoin de te présenter, tu te doutes bien que je sais qui tu es, comme beaucoup d'ailleurs…

Aïe, ça c’était pas bon pour moi, restait à voir la suite.

- Je te rassure je ne suis pas une hystérique malgré les apparences que j'ai laissé voir tout à l'heure...c'est juste que je ne m'attendais vraiment pas à te voir ici même si tu t'en fou je tiens à te le dire pour ne pas que tu me prennes pour vénératrice de la confrérie de Shion.
Bon, bah ça c’était déjà plus rassurant. Elle rit, comme si imaginer qu’elle puisse être une fan hystérique était idiot puis reprit son sérieux en me fixant de ses yeux gris. Plutôt rare cette couleur pour une japonaise.

- En fait, j'ai faim...et j'étais descendue pour ça, juste pour manger…

Je lui souris, histoire de la mettre en confiance et lui montra de la main le shoji qui venait de se libérer. Quelques clients sortirent et me saluèrent avant de s’en aller. La jeune femme s’engouffra dans la pièce et s’assit devant la table sans attendre que le personnel ait débarrassé. Elle sorti un paquet de cigarettes et en alluma une tranquillement. Elle était plutôt drôle, un petit bout de femme plein de caractère apparemment. Je restai adossé au mur bordant l’entrée tandis qu’elle observait soigneusement la pièce. Quelque chose semblait la gêner, elle avait l’air tendu. Elle retira la cigarette de ses lèvres et me regarda à nouveau. Elle me tendit une main d’où plusieurs bracelets s’entrechoquaient dans un bruit métallique.

- Au fait moi c'est Orihime Matsuda…

Je m’aperçus alors que je n’avais que très peu parlé, ce qui était plutôt étrange, je m’étonnais moi-même.

- Ravi de faire ta connaissance Orihime. On va venir débarrasser, je lui tendis un menu et repris. Choisis ce que tu veux en attendant.

Je sorti à mon tour une cigarette et l’allumai. Je pouvais enfin fumer dans l’auberge et devant des clients ! Je vins m’assoir devant elle, en demandant quand même la permission.

- Je pensais pas qu’on était aussi connu, Blast ça remonte maintenant, en plus tu devais être jeune quand on a percé, enfin je suppose. On a connu un succès plutôt rapide…

C’est sûr qu’on n’était pas restés longtemps en haut de l’affiche, après l’arrestation de Shin, Nana avait plaqué le groupe et on avait rangé nos instruments au placard.

- Je suis rassuré que tu ne sois pas une de ces groupies, elles sont carrément flippantes {rire gêné}, en fait je trouve ça un peu bizarre. Ça serait sympa si tu ne disais pas que je suis ici, même par hasard, j’ai pas trop envie que des nanas dans le genre viennent ici, ça serait pas trop bon pour moi.

Le personnel vînt débarrasser les couverts et la nappe du précédent repas pour en mettre des neufs.

- Pour deux s’il vous plait. Ça te gène si je dîne avec toi ? Moi aussi j’ai pas mangé. Ça prend beaucoup de temps une auberge, j’ai pas encore pris le rythme.

Petite plaisanterie pour me détendre plus que pour la détendre elle, je n’avais pas l’habitude de parler tranquillement avec quelqu’un qui savait qui j’étais et ça m’angoissait un peu, je devais l’avouer.

Je commandai des bières, espérant qu’Orihime en buvait aussi. J’allai enfin pouvoir me comporter un peu plus naturellement, quel soulagement. La jeune femme m’écoutait parler tout en continuant de tirer sur sa clope, son air un peu détaché toujours scotché sur son visage. Cette attitude, elle me rappelait de plus en plus Nana à l’époque du lycée, quand elle était super renfermée et qu’elle ne parlait jamais.

- Alors, tu viens d’où ?

Question banale qui ne la gênerait surement pas, enfin je l’espérais.